Frida Kahlo, le petit cerf blessé by Gérard de Cortanze

Auteur:Gérard de Cortanze [Cortanze, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
ISBN: 9782369145745
Éditeur: Libretto
Publié: 2020-08-20T04:00:00+00:00

1. « Femmes mexicaines (1950), texte inédit, fonds Gisèle Freund IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) ».

2. Gisèle Freund, Le Monde et ma caméra, Denoël, 2006.

3. Patrick Marnham, Diego Rivera. Le Reveur éveillé, Seuil, 2000.

FRIDA KAHLO :

LÉON, L’AMANT RUSSE

L’amour dure autant de temps qu’il donne du plaisir.

Frida Kahlo

Rien ne prédisposait Frida Kahlo et Léon Trotski à se rencontrer et pourtant cette rencontre eut lieu le 9 janvier 1937. Avant de nous plonger dans le récit de cette aventure voyons comment ces deux destinées ont fini par se croiser.

Mariée à Diego Rivera en 1929 – il avait alors quarante-deux ans et elle vingt-deux –, Frida Kahlo a un arbre généalogique des plus intéressants. Du côté de la mère, elle a du sang indien et espagnol ; du côté du père du sang allemand mais aussi juif hongrois d’origine roumaine. Très belle, elle porte le costume national mexicain, et arbore de somptueux bijoux, très voyants. Elle aime le vin, le sexe, et jure comme un charretier. Elle est vive, joyeuse, heureuse de vivre.

Depuis son terrible accident dont elle s’est miraculeusement relevée, elle a dû faire face à nombre d’avortements, a subi plusieurs opérations, et porté des corsets orthopédiques. Elle est du vif-argent, comme toute cette génération issue de la révolution mexicaine animée par une émulation puissante, une ardeur sans faille, un activisme certain de son bon droit. Membre du parti communiste, elle voit dans son engagement politique une façon d’affirmer la vie et de dépasser sa douleur.

Alors que Trotski et sa femme voguent vers le Mexique, elle vient de subir une troisième opération du pied droit. La cicatrisation est lente. Elle se sent nerveuse, prête à replonger dans l’anorexie qui la hante, et sent toujours, au niveau de la colonne vertébrale, une douleur lancinante. Elle est bourrée de calmants qu’elle absorbe mélangés à des verres de tequila.

Toujours en guerre contre Diego Rivera, en guerre amoureuse, elle a rompu avec lui depuis janvier 1935. Elle a quitté San Ángel, son petit singe-araignée sous le bras, et est partie s’installer dans une maison au 432 de l’avenue Insurgentes, à Mexico. Et si Diego vient parfois lui rendre visite, ils n’ont pour l’instant plus rien à se dire. Elle écrit : « Il n’y a plus le moindre lien entre nous. Il ne me raconte jamais ce qu’il devient et il ne s’intéresse absolument pas à ce que je fais ou à ce que je pense. »

Départ pour New York : la vie y est difficile. Après plusieurs expériences lesbiennes et une quinzaine de flirts appuyés avec des hommes, Frida ne retrouve pas pour autant son équilibre. En réalité, Diego lui manque. L’idée d’une forme de mariage fondé sur une indépendance réciproque commence à faire son chemin dans son esprit.

Des années qui ont précédé sa rencontre avec Trotski, elle donne elle-même le canevas dans les entretiens qu’elle accordera plus tard à Olga Campos : « En 1933-1934, la politique m’intéressait beaucoup. Je n’ai presque rien peint. […] En 1935, je suis allée à New York et je n’ai rien fait.

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